Expérimentation de munitions sans plomb pour la chasse du grand gibier
Dans le cadre du programme européen Life Gypconnect, le Parc national des Cévennes, en étroite collaboration avec la Fédération départementale des chasseurs de la Lozère, engage une expérimentation destinée à sensibiliser les chasseurs de grand gibier à l’utilisation des munitions sans plomb. Cette action vise à sensibiliser la communauté cynégétique à l’impact des métaux lourds dans les chaînes alimentaires d’une part, et à la problématique du saturnisme chez les rapaces nécrophages d’autre part.
Les programmes Life sont les outils financiers de l’Europe qui permettent la mise en œuvre de sa politique en matière d’environnement en mettant à disposition des budgets servant à la mise en place d’actions concrètes.
Le programme Life Gypconnect a pour objectifs de renforcer la population de Gypaète barbu par la réintroduction de quelques oiseaux dans le sud du Massif central et dans la Drôme afin de favoriser les échanges entre les populations pyrénéennes et alpines et permettre ainsi le maintien des populations. C’est dans ce cadre que 10 Gypaètes ont été réintroduits sur les « Grands Causses » depuis 2012, lâchers qui vont se poursuivre dans les années à venir.
Le Parc national des Cévennes contribue à certaines actions du Life Gypconnect sur son territoire : Lâchers et suivi des oiseaux, actions sur la ressource alimentaire, communication et sensibilisation… ainsi qu’une expérimentation de l’utilisation de munitions sans plomb.
En effet, la toxicité du plomb n’est plus à démontrer et plusieurs études mettent en évidence que la contamination des organismes vivants est une réalité. La pratique de la chasse est concernée par cela, notamment au travers de la consommation de la venaison.
Les espèces nécrophages comme les vautours se situent en bout de chaîne alimentaire et sont donc exposés à cette contamination via l’ingestion directe de fragments de plomb provenant des chairs ou des os des espèces gibiers consommés ; en effet l’absorption accidentelle d’un morceau de plomb, aussi petit soit-il par ce grand rapace va provoquer un empoisonnement aigu par saturnisme, et la mort de l’oiseau. C’est sur la base de ce postulat que la commission européenne a accepté de soutenir cette action expérimentale qui s’articule en deux temps avec une première phase de sensibilisation des chasseurs volontaires et une seconde phase d’expérimentation pour tester l’utilisation des munitions sans plomb in situ et sur deux campagnes de chasse, avec un panel de chasseurs sélectionnés.
Dans un premier temps, un questionnaire sera envoyé aux représentants des chasseurs du territoire lozérien du Parc national des Cévennes (présidents et chefs d’équipes) afin de permettre sa diffusion auprès du plus grand nombre de chasseurs exerçant sur ce territoire. Ce questionnaire nous permettra de connaître le niveau de connaissance de chacun sur les impacts du plomb, permettra d’identifier ceux qui souhaitent participer à cette expérimentation et de sélectionner les volontaires, dans les limites de l’enveloppe budgétaire dédiée à cette action et sur la base des critères retenus (motivation, zone géographique, gibier cible, calibre…)
En début d’année 2017, une réunion de mise en place, co-animée par les services techniques de la FDC48, du PnC et avec l’appui de J.C. Tolphin (expert balistique), rassemblera tous les chasseurs intéressés par le projet afin de les informer sur les impacts du plomb, les performances techniques des dites alternatives, ainsi que sur le déroulement et les modalités pratiques de l’expérimentation in situ. Les chasseurs volontaires et retenus pour tester ces munitions bénéficieront de tarifs avantageux pour l’acquisition de 4 boites de balles (-70 %), en contrepartie d’engagements fermes (participation à 2 réunions + 1 séance de réglage de l’arme + utilisation des munitions sur 2 campagnes + réponse au questionnaire final)
La commande de munitions se fera au printemps 2017. La distribution sera réalisée en mai, couplée avec le réglage des armes au centre de formation de la FDC 48 à la Boulaine. L’expérimentation couvrira les saisons de chasse 2017/2018 et 2018/2019 et fera l’objet d’un suivi en cours de saison.
Les résultats de cette expérimentation seront ensuite synthétisés en étroite collaboration avec les chasseurs volontaires et les structures partenaires afin d’en dresser le bilan et permettre de communiquer sur cette opération.