Les vautours sont des oiseaux bien sûr, mais pour être précis, des rapaces de l’ordre des Accipitriformes et de la famille des accipitridés.
Ils sont charognards et exploitent une biomasse animale à son stade biologique ultime.
Ces nécrophages sont spécialisés dans l’élimination des cadavres. Leur anatomie est adaptée à cette nourriture : le bec est crochu pour entamer les chairs, le cou recouvert d’un fin duvet se nettoyant facilement. Les serres sont peu puissantes et non adaptées à la préhension comme celles de l’Aigle royal. Pour terminer, leur système digestif leur permet d’assimiler la viande putréfiée sans dommage.
Si de nos jours le Vautour fauve se cantonne aux seules régions méridionales, il occupait au Pléistocène supérieur (1,6 million d’années à 11 000 ans) des milieux aux paléoclimats très disparates et sous des latitudes variées. Des vestiges ont par exemple été découverts en Belgique où l’espèce n’est plus présente de nos jours.
Le Vautour fauve (Gyps Fulvus)
L’envergure de ce rapace varie de 2,40 m à 2,70 m pour un poids de 7 à 11 kg. Son plumage est caractérisé par des dégradés de bruns, de beiges et de noirs. Son cou reptilien qui émerge d’une collerette de plumes duveteuses est caractéristique et bien adapté à son mode d’alimentation. En vol, le Vautour fauve se reconnaît relativement facilement. Sa taille est imposante et ses ailes sont larges avec de longues rémiges digitées. Sa queue, très courte, permet aussi de le distinguer de l’Aigle royal avec lequel il peut évoluer. Sédentaire, ce vautour très grégaire niche en falaise. L’âge de la première reproduction est souvent considéré comme étant de 4 ou 5 ans mais des cas de reproductions réussies à 3 ans ont été enregistrés dans les Causses. Les partenaires sont souvent unis pour la vie, encore que des accouplements extraconjugaux ont pu être constatés grâce aux lectures de bagues ! Les parades nuptiales se déroulent en vol, à proximité des sites de reproduction et des dortoirs, dans ce que l’on appelle le domaine communautaire. Ces vols sont très démonstratifs et peuvent réunir jusqu’à 6 ou 7 oiseaux volant les uns au-dessus des autres. Les accouplements ont lieu sur l’aire (nid) ou à proximité de celle-ci, dès la fin du mois de novembre. Le nid est situé dans une cavité rocheuse ou une vire souvent bien abritée. Le couple utilise alors quelques branches de pin sylvestre, de buis et la cuvette du nid est faite d’herbe et de mousse. L’unique œuf est pondu dès le début du mois de janvier et les deux adultes participent à l’incubation qui dure environ 54 jours. Le poussin est nourri par régurgitation et passe 4 mois au nid. L’élevage du jeune vautour se prolonge 2 à 3 semaines après l’envol et il revient au nid pour se faire nourrir. Une longue période d’erratisme va amener certains jeunes vautours à s’expatrier. Grâce au baguage, des observations d’oiseaux caussenards en balade nous arrivent régulièrement et les destinations sont variées. Les Préalpes du sud, où d’autres colonies de vautours existent, mais aussi les Pyrénées et l’Espagne sont les lieux qui reviennent le plus souvent. Pour mémoire, signalons quelques cas au Sénégal d’où les oiseaux ne sont jamais revenus. Lors de ces voyages, les risques de mortalité sont importants. Des cas de jeunes oiseaux récupérés en pleine mer sont connus ! (Au large de Sète, de l’Île d’Oléron etc.) Cette mortalité juvénile est normale et permet à la population de se réguler naturellement.
Le Vautour moine (Aegypius monachus)
C’est l’un des plus grands rapaces d’Europe. Le Vautour moine se distingue du Vautour fauve par son plumage uniformément brun chez les adultes. Les jeunes de l’année sont en revanche presque noirs.
En vol, ses ailes très digitées sont plus rectangulaires et tenues plus à plat lorsqu’il décrit des orbes (cercles dans une ascendance). La main est tombante en vol plané. La queue est en forme de coin allongé. Posé, le Vautour moine est facilement identifiable. Son cou emplumé bordé d’une large collerette de plumes érectiles, le dessus clair de la tête et la cire bleutée ou rosée de son bec très fort le rendent inconfondable. Cette espèce se déplace plus souvent seule ou en couple, parfois mêlée aux vautours fauves. Ce vautour est une espèce sédentaire à l’âge adulte mais les jeunes font preuve d’un fort erratisme. Ils peuvent alors être observés à plusieurs centaines de kilomètres de leur colonie d’origine, voire plus. L’espèce est assez territoriale en période de reproduction mais peut constituer des colonies lâches, des couples étant répartis régulièrement au gré des pentes boisées des gorges et des vallons adjacents.
C’est une espèce arboricole, d’ailleurs un des plus gros oiseaux au monde nichant au sommet d’un arbre. Les essences les plus fréquemment utilisées pour la nidification en Europe sont le Chêne vert (Quercus ibex), le Chêne liège (Quercus suber), le Pin sylvestre (Pinus silvestris), le Pin noir (Pinus nigra) ou encore le Genévrier commun (Juniperus communis)… Dans les Causses, le Pin sylvestre est quasiment le seul utilisé. Les arbres supportant les nids sont généralement situés dans le tiers supérieur des pentes, et se situent en moyenne à 8 ou 9 mètres du sol. Après les parades et les accouplements qui ont souvent lieu sur le nid ou à proximité, la ponte survient dès le mois de février. Après 2 mois d’incubation, le poussin naît et les 2 parents s’occupent de lui. Avant l’âge d’un mois et demi à deux mois, il est rarement seul au nid. Il est nourri le plus souvent par régurgitation. Après un séjour de 4 mois à l’aire, l’envol a lieu au mois d’août en général mais des envols en septembre sont courants. Ce rapace est un nécrophage qui dépend un peu moins de l’élevage que le Vautour fauve. S’il se nourrit et prend part aux curées sur des cadavres d’ongulés domestiques, il est également observé sur des petits cadavres de la faune sauvage comme des lièvres, lapins ou blaireaux.
Le Vautour percnoptère (Neophron percnopterus)
En vol, ce rapace de taille moyenne, d’une envergure de 1,60 mètre, est facile à reconnaître. Son plumage est blanc sale, contrastant avec les rémiges noires. Une queue relativement courte et cunéiforme, une tête jaune, un vol plané élégant pouvant être acrobatique, permettent de l’identifier aisément. Comme pour les autres espèces, aucun dimorphisme sexuel ne permet à coup sûr de différencier mâles et femelles. Le corps du Vautour percnoptère est plutôt svelte pour un poids moyen de 2 à 2,5 kg. Les ailes sont longues, rectangulaires et rigides avec des rémiges digitées. Les pattes et les serres, de couleur claire, sont très peu puissantes. Le bec, long, droit et fin, à l’extrémité noire, est bien adapté à son mode d’alimentation. Petits vautours migrateurs de retour d’Afrique subtropicale dès le mois de mars, les percnoptères investissent rapidement le site de reproduction. L’aire, dans une cavité rocheuse, est faite de branchettes, de laine et de débris divers. Un couple peut disposer de plusieurs aires sur le même site (jusqu’à 4) et changer d’une année sur l’autre. La ponte intervient en général en avril et compte de 1 à 2 œufs. L’éclosion survient après environ 42 jours d’incubation. Un ou deux jeunes sont élevés par les deux parents pendant 70 à 90 jours. Ils sont encore nourris quelques jours après l’envol mais ne tardent pas à partir vers les sites d’hivernage. Dans les Grands Causses, les dates de départ en migration postnuptiale sont classiquement situées dans la première quinzaine de septembre. Charognard, mais incapable de dépecer un cadavre de grosse taille, le régime alimentaire des vautours percnoptères est déterminé par la taille et la nature des morceaux convoités. Sur les charniers, ce petit nécrophage passe après les grands vautours, grappillant et picorant les restes de viande, les lambeaux de peau ou de viscères. Les vautours percnoptères sont connus pour avoir un régime plus éclectique et opportuniste que les autres vautours : amphibiens, reptiles ou petits mammifères écrasés sur les routes, etc. L’espèce, à l’occasion coprophage (consommateur d’excréments), peut être aussi observée sur les reposoirs rupestres des grands vautours. Cette espèce est très sensible au poison comme en témoigne la découverte deux années de suite, d’un adulte empoisonné, mort au nid sur ses poussins…
Le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus)
C’est l’un des plus grands rapaces d’Europe, son envergure varie de 2,60 à 2,90 m, son poids est de 5 à 7 kg. En vol, ses ailes étroites et pointues et sa longue queue cunéiforme lui donnent une silhouette svelte et élancée faisant penser à un immense faucon. Chez l’adulte, le contraste du plumage de couleur gris ardoisé aux ailes et blanc orangé pour la tête et le ventre ne permet aucune confusion avec une autre espèce de vautour. L’iris, de couleur paille, est entouré d’un cercle orbital rouge. Les « moustaches » noires sont des plumes appelées vibrisses, elles sont nettement visibles même à grande distance. Il n’existe pas de différence entre le mâle et la femelle (dimorphisme sexuel) nettement identifiable chez cette espèce. Le Gypaète adulte peut se reproduire à l’âge de 7 ans. Après une période d’erratisme les premières années de leur vie les couples se forment vers 5 ans. Ils deviennent sédentaires et se cantonnent sur un territoire toute l’année qui peut varier de 300 à 500 km². Le couple de gypaètes possède sur son territoire 2 à 5 nids construits à l’abri d’un surplomb dans une falaise. Un matelas de laine et de poils soigneusement entretenu pendant l’incubation recouvre une solide assise de branches. Un ou deux œufs sont pondus dans une période comprise entre la mi-décembre et la mi-février. L‘incubation dure de 53 à 58 jours. Même si les deux œufs parviennent à éclore, un seul poussin est élevé (caïnisme du poussin aîné sur son cadet). Le jeune est nourri par les deux adultes, de viande au début de l’élevage, puis après quelques semaines de fragments d’os, de lambeaux de peau et de pattes d’ongulés vers la fin du séjour au nid. Le jeune quitte l’aire vers 116 à 136 jours. Les deux adultes le nourrissent encore pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, jusqu’à son émancipation complète. Le cycle de reproduction recouvre pratiquement toute l’année, débutant à l’automne par la construction de l’aire et les accouplements, il se prolonge jusqu’à l’automne suivant par l’émancipation du jeune. En France, le Gypaète barbu est présent dans les Pyrénées (35 couples en 2010), dans les Alpes (8 couples en 2010) issu d’un programme international de réintroduction et en Corse (5 couples en 2010).