Fauvette pitchou

Fauvette pitchou (Sylvia undata)

Très difficile à observer, la fauvette pitchou est cependant un oiseau qu'on ne peut pas confondre en raison de sa petite taille, de sa très longue queue qu'elle tient toujours relevée et très souvent déployée. A première vue, elle donne l'impression d'être noirâtre. De près, on apprécie, chez le mâle adulte, la tête de couleur gris-ardoise et le dos marron grisâtre, parfois brun sombre. Les parties inférieures ont une nuance rouge vineuse qui tire sur le violet. La queue est noire avec le liseré des plumes gris et la paire de rectrices extérieures ornée d'une fine bordure blanchâtre. L'iris rouge-orange et l'anneau orbital plus rouge encore forment un trait caractéristique qui est particulièrement visible malgré les mouvements inquiets de cet  oiseau. Le bec est noirâtre avec la base de la mandibule inférieure jaune rosé. Les tarses et les pieds sont jaunâtres. Les ailes sont très obscures, presque noires. En automne, le menton et la gorge portent des nombreux petits points blancs.
Le plumage de la femelle est entièrement plus clair. La tête est marron, non pas grise, et le reste des parties supérieures sont brun sombre. L'intense couleur rouge vineux est absente sur la poitrine et tout au plus on y décèle une nuance rosée. Les jeunes fauvettes ressemblent davantage à la femelle qu'au mâle. Le plumage de leurs parties supérieures affiche une teinte terreuse, plus sombres que celles des femelles adultes et son aspect est plus uniforme.
"Pitchou" signifie petit en provençal et évoque la taille menue de cet oiseau.

La fauvette pitchou  se reproduit en Europe Occidentale, dans toute la péninsule ibérique, le sud et l'ouest de la France, l'Italie ainsi que les îles de la Méditérranée comme la Sicile, la Corse et la Sardaigne. Sa densité est variable selon les années et cela se remarque particulièrement en Angleterre où les populations sont peu répandues localement dans les comtés du sud et sensibles aux températures hivernales et aux fortes précipitations. Dans le nord de son aire de répartition, elle se tient presque toujours dans les landes et dans les broussailles, souvent près des côtes abritées.  Plus au sud, elle fréquente divers habitats buissonneux parsemés d'arbres, des flancs des collines aux touffes de salicornes des terrains salés. Elle peut être abondante dans les zones côtières. En hiver, on la retrouve également dans les buissons bas épars des zones semi-désertiques d'Afrique du Nord.

Au mois de mars, les mâles entreprennent déjà les premiers vols de parade. Aux premiers jours d'avril, excepté s'il pleut, il est courant d'entendre leurs chants ininterrompus qui, malgré leur brièveté et leur faible  intensité, peuvent être perçus à distance considérable. Comme le territoire que chaque couple occupe est très petit, les mâles réalisent des exhibitions modestes, voltigent avec les ailes et la queue déployées et se posent en faisant enfler les plumes de leur visage et de leur tête de manière à ce que celle-ci semble prendre une grandeur exagérée pour un oiseau d'une aussi petite taille. Dans le sud de l'Europe, le début de la reproduction dépend étroitement de la température ambiante et des précipitations. Les nids que les mâles ébauchent sont constitués simplement  de quelques touffes d'herbes sèches accumulées si bien que parfois il est difficile de savoir s'il s'agit réellement de commencements de nids ou si ce sont uniquement des matières végétales tombées là par hasard. La plupart des nids sont situés dans des basses touffes de bruyère (Calluna vulgaris) ou dans des buissons épineux. Quelques-uns, rares, sont placés à l'intérieur de massifs de ronces. La hauteur au-dessus du sol est variable : très bas dans la bruyère, aux environs de 25 cm, entre 40 cm et 1 mètre 30 dans les buissons épineux et à hauteur moyenne entre 50 et 80 centimètres dans les ronces. La femelle effectue la plus grande part du travail, arrangeant et  remettant d'aplomb l'herbe sèche et la mousse sur la structure que le mâle a installé préalablement. L'intérieur est garni de fines tiges sèches de bruyère, des radicelles, d'herbe fine, de laine et de quelques plumes. Elle y rajoute aussi des poils, des crins et des toiles d'araignée qui couvrent et compriment les bords du nid. A partir du 10 avril, les nids sont terminés en de nombreux lieux, mais la ponte ne commence pas en général avant la seconde quinzaine du mois. Elle est constituée normalement de 3-4 œufs, quelquefois 5. Les dépôts de six œufs sont exceptionnels. Leur couleur est blanc sale ou verdâtre pâle avec des petits points brun olivacé, gris cendré ou brun rougeâtre, en général bien répartis sur toute la surface mais quelquefois concentrés sur une extrémité de l'œuf. Beaucoup de fauvettes pitchous ne commencent pas la  ponte avant la première semaine de mai. L'incubation est réalisée presque entièrement par la femelle et elle est rarement relayée par le mâle. Les poussins qui éclosent au bout de 12 ou 13 jours naissent sans duvet et possèdent une peau très sombre. L'intérieur de leur bouche est jaune pâle avec deux points noirs à la base de la langue. Les deux parents s'occupent du nourrissage des jeunes, les gavant d'insectes et surtout de petites chenilles. Les petits quittent le nid au bout de 12 ou 13 jours mais ils peuvent anticiper leur départ s'ils sont dérangés ou s'ils souffrent d'une trop grosse chaleur. Les fauvettes pitchous mènent à terme deux couvées par saison. L'éventualité d'une troisième couvée n'est pas exclue si les conditions sont favorables.

Son alimentation est fondamentalement insectivore. Elle capture des petits coléoptères, des lépidoptères de toute taille et leurs chenilles, des diptères (tipules de prairies, mouches, chironomidés qui sont des insectes de petite taille ressemblant beaucoup à des moustiques), etc. Les araignées, si abondantes entre les plantes épineuses, peuvent constituer une bonne ressource durant l'hiver. La matière végétale ne doit probablement pas être exclue de son alimentation pendant les mois d'automne et d'hiver. Les graines de graminées et les fruits sylvestres semblent en effet concentrer des petits groupes de fauvettes.