Le Faucon crécerellette

Le Faucon crécerellette (Falco naumanni)

Le Faucon crécerellette est un petit rapace rare, dont la taille est légèrement inférieure à celle du Faucon crécerelle (Falco tinnunculus). Son envergure atteint 58 à 72 cm. Il existe un dimorphisme sexuel marqué : le mâle possède des grandes couvertures grises, un manteau roux sans taches et des rectrices grises terminées par une barre noire, tandis que la femelle présente un plumage entièrement brun, tacheté et barré.

En vol, sa silhouette élancée aux ailes fines lui donne une allure souple et gracieuse. En chasse, il pratique souvent le vol stationnaire dit en « Saint-esprit ».

L'aire de répartition du Faucon crécerellette s'étend à travers la zone méditerranéenne de l'Afrique du Nord et de l'Europe du sud et du sud-est (Maroc, Algérie, Tunisie, Portugal, Espagne, sud de la France, Italie, Grèce, Bulgarie, Macédoine, Roumanie, Ukraine…) ; elle se prolonge vers l'est, à travers certains pays du Proche et du Moyen-Orient (Turquie, Palestine, Syrie, Arménie, Iran, région Caucasienne, Turkménistan) et au sud de la Russie, à travers le Kazakhstan et la Mongolie jusqu'au lac Baïkal. Un noyau plus isolé est présent dans le Nord-Est de la Chine. En France, l’espèce nidifie dans les départements du pourtour méditerranéen. En 2006, elle s’est reproduite dans deux sites : en plaine de Crau (Bouches-du-Rhône) et dans un village héraultais. En 2003 et 2004, respectivement un et deux couples se sont aussi reproduits dans la basse plaine de l’Aude, mais ce site n’a pas été réoccupé les années suivantes. En période de nidification, des groupes comptants entre un et 20 individus sont régulièrement observés dans des secteurs apparemment favorables à la nidification des départements du Var, des Bouches-du-Rhône et de l’Hérault. Ces groupes composés d’une majorité d’individus sub-adultes d’origine ibérique stationnent, sans s’y reproduire jusqu’à présent.

En période postnuptiale, aux mois d’août et septembre, on observe depuis 2003 des rassemblements importants dans différents secteurs du sud de la France en dehors des sites de nidification : Pyrénées audoises (11), Cerdagne (66), Montagne noire (11), Aveyron (12), Tarn (81) [C. RIOLS, E. ROY, Y. GLAIZE, comm. pers.]. En août 2006, cinq dortoirs totalisaient environ 1 200 individus dont la grande majorité était des juvéniles et des sub-adultes d’origine ibérique.

En Lozère, ces grands rassemblements sont de plus en plus fréquent sur le Causse Méjean. Malgré un nombre d'oiseaux en dents de scie selon les années, l'on peut tout de même remarquer une augmentation constante depuis 2014.

L’espèce est cavernicole. Les colonies s’installent sur des bâtiments ou des falaises, et occasionnellement dans des arbres creux ou des tas de pierres. Les couples nicheurs affectionnent aussi les nichoirs. Fait exceptionnel, en plaine de Crau, les colonies sont principalement établies dans des tas de pierres.

Concernant ses habitats d’alimentation, le Faucon crécerellette exploite les milieux à fortes densités de proies où il présente un comportement de chasse grégaire. Il préfère les sites à végétation rase avec des parties de sol nu où il trouve facilement ses proies, il utilise les habitats steppiques, les cultures extensives et occasionnellement, les zones buissonnantes (garrigues) et les forêts claires. En période postnuptiale, les milieux agricoles (chaumes de céréales, prairies pâturées…) sont également sélectionnés. En hivernage, l’espèce fréquente la zone sahélienne très ouverte et localement riche en orthoptères. Le facteur déterminant semble être la présence de proies abondantes et tout particulièrement d’orthoptères.

Le nid est situé dans une cavité. Il n’y a pas d’apport de matériaux et les oeufs sont directement déposés sur le substrat, souvent meuble. Les pontes ont lieu au cours du mois de mai, avec un pic durant la seconde ou troisième semaine. La taille des pontes varie de un à cinq oeufs avec une moyenne en plaine de Crau de 4.40. Le temps d’incubation est de 28 jours. La première semaine d’incubation est principalement assurée par la femelle, puis les deux partenaires se relaient à part égale, en moyenne toutes les 2h30. La femelle assure souvent seule la fin de l’incubation et reste présente au nid au début des éclosions, tandis que le mâle chasse pour nourrir la famille. Ensuite, les parents se relaient pour assurer la surveillance et le nourrissage des poussins. A l’âge d’environ 15 jours, les poussins sont laissés seuls au nid tandis que leurs parents partent chasser. Les jeunes s’envolent à l’âge de 35 jours et quittent très rapidement le site de nidification. En effet, le temps de dépendance après l’envol est très court, de deux à trois jours ; les jeunes volants n’étant nourris qu’à proximité immédiate du site de nidification.

En plaine de Crau, l’espèce se nourrit essentiellement d’invertébrés (insectes, scolopendre, lombrics) : moins de 1% des proies sont des vertébrés (micromammifères, lézards). Les proies de grande taille telles que Decticus albifrons, Scolopendra cingulata, Gryllotalpa gryllotalpa, Lycosa sp, sont très recherchées, et tout particulièrement pour les apports de proies au nid aux moments des offrandes et de l’élevage des jeunes. On note que la part des criquets et des sauterelles est prépondérante dans le régime alimentaire des poussins et que cette période d’élevage coïncide avec le pic d’abondance de ces insectes. Dans l’Hérault, on note également l’importance des orthoptères, mais aussi la présence des cigales.